Les soft skills : effet de mode ou compétences incontournables ?

De quoi parle-t-on exactement quand on évoque la question des qualités comportementales ? Plus communément appelées soft skills, qu’en est-il de ces compétences qui supplantent les compétences d’antan, dites techniques ?
1. Définition
Opposées aux hard skills qui évoquent les compétences techniques d’un collaborateur, les soft skills représentent les compétences humaines et comportementales intra et inter-personnelles.
2. (R)Evolution des soft skills
C’est en 2014 que Fabrice Mauléon (professeur et directeur du Learning Hub à France Business School), Julien Bouret (coach, double diplôme en management, spécialiste des techniques méditatives) et Jérôme Hoarau (double diplôme en management, formateur d’entrepreneurs) publient Le réflexe Soft skills – Les compétences des leaders de demain (Dunod).
7 ans plus tard, les auteurs du livre qualifient les soft skills de « passeport indiscutable ». Selon eux, les candidats sont sélectionnés en fonction de compétences « humaines » classifiées parmi les 15 suivantes : résolution de problèmes, confiance, intelligence émotionnelle, empathie, confiance en soi, communication, créativité, gestion du temps, gestion du stress, esprit d’entreprendre, audace, motivation, vision et visualisation, présence, sens du collectif, curiosité. « 62% des dirigeants et cadres avec des responsabilités managériales sont en effet prêts à recruter un candidat principalement sur ses compétences comportementales. Ce chiffre atteint même 72% chez les managers du secteur marketing et du digital, particulièrement impactés par les transformations liées aux technologies. »
Fleur Chrétien, en mars 2021, dans Cadre Emploi y ajoute : l’autonomie, la capacité d’adaptation, la résolution de problèmes complexes, l’esprit critique, la créativité, le management, l’esprit d’équipe, l’intelligence émotionnelle, le jugement et la prise de décision
le sens du service, la négo, la flexibilité.
Enfin, en janvier 2022, Mélissa Suzuno mentionne une croissance à trois chiffres sur les demandes de soft skills. Pour elle, ces compétences sont indispensables pour diriger le changement, la stratégie, savoir motiver les équipes et favoriser l’appartenance. Elle y inclut : la productivité au bureau, le leadership, la gestion, la croissance personnelle, la diversité et l’inclusion, la réflexion stratégique, les capacités d’écoute et de gestion du temps, les compétences en leadership.
Nous avons donc interrogé Lydia Martin, Docteure en psychologie du travail et chercheuse sur l’usage des jeux au travail qui nous confirme que « Faire face aux situations de travail passe par des compétences comportementales, type le travail d’équipe, la facilité d’adaptation, la créativité, la résilience ».
https://www.youtube.com/watch?v=3wJrtArUR4Q,
3. Alors les soft skills, un effet de mode ou un incontournable ?
Un incontournable pour sauver nos âmes dans la course aux diplômes qui reste l’apanage d’une élite sociale et culturelle ; un incontournable dans la robotisation et l’intelligence artificielle qui remplacent inéluctablement les personnes promues aux tâches répétitives ; un incontournable dans la spirale des nouvelles technologies qui piègent les salariés et leurs dirigeants à devoir s’adapter à des plateformes et des applications en constante évolution ; un incontournable dans une pandémie mondiale qui nous jette à la figure notre vulnérabilité…
Allons-y tout doux… car ce sont bien la persévérance, l’intelligence, le bon sens qui forgent la confiance, ce sont bien les capacités d’écoute, de compréhension, d’adaptation qui créent une équipe, ce sont bien les qualités de curiosité, de remise en question, d’audace qui maintiennent les êtres humains debout et résilients.
« Heureux les doux, car ils possèderont la terre. » Plus que jamais les êtres humains, hommes et femmes confondus ont besoin de douceur et d’enracinement pour protéger leurs fondamentaux : se nourrir, se protéger, appartenir, estimer, s’accomplir.
Co-écrit par Karine Souday, Docteure ès lettres.