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Franck Abou, co-fondateur de TalenTribu et… animateur d’ateliers de philosophie auprès des 8-10 ans

Franck Abou, co-fondateur de TalenTribu et… animateur d’ateliers de philosophie auprès des 8-10 ans

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Au premier abord, il fait penser à L’homme pressé d’Edouard Molinaro : il faut aller vite, de manière efficace, éviter de tergiverser, penser objectif. Mais au fur et à mesure de la conversation, on découvre une autre facette : épicurien, philosophe, humaniste…

Franck Abou est d’abord un homme en quête. Regard franc, débit de parole rapide, il sait ce qu’il veut, ce qu’il ne veut pas et surtout, il sait le dire. Il aime communiquer, partager, réfléchir. Ses formules un peu lapidaires montrent son désir d’aller de l’avant. Visionnaire et réaliste, il cumule toutes les qualités d’un chef d’entreprise qui n’a pas froid aux yeux pour prendre des décisions, oser expérimenter. Il sait aussi écouter et prendre en compte des avis différents des siens ; il donne les moyens pour avancer et surtout il donne sa confiance.

L’interview qu’il m’a accordée témoigne d’un homme en quête de valeurs. Pour preuve : le voici depuis deux ans, engagé comme animateur d’ateliers de philo pour les 8-10 ans.

Karine Souday : Comment t’es-tu préparé à devenir animateur ?

Franck Abou : J’ai reçu une formation de six jours en séminaire avec le parcours SEVE (Savoir Etre et Vivre Ensemble), conçu par Frédéric Lenoir. Le séminaire comporte 4 disciplines avec des notions de philosophie et des clefs pour savoir comment capter l’attention des enfants.

K.S : Comment se passe un atelier type ?

F.B : On commence par dix minutes de méditation et puis je lance un sujet de réflexion en veillant constamment qu’il y ait un échange d’idées différentes. À la fin, on recueille toutes les idées, on prend des photos. Chacun participe, écrit au tableau. C’est tout le temps ludique.

K.S : Des exemples de sujets traités ?

F.B : Les sujets sont des prétextes pour les faire réfléchir, sortir des idées reçues. Par exemple, c’est quoi être normal, penser par soi-même ? Quelles sont les différences entre le bonheur et le fait d’être heureux ?

K.S : Y a-t-il des règles à respecter, des points de vigilance ?

F.B : Oui et d’ailleurs, je prends beaucoup de temps pour les expliquer. Je commence par leur dire que cet atelier n’est pas obligatoire, et qu’il existe des règles pour le réussir : ils doivent écouter, argumenter leurs réponses ; ils n’ont pas le droit de se moquer ni d’émettre de jugement de valeurs. Ils doivent faire preuve de bienveillance. Mon point de vigilance sera de veiller à ce que chacun prenne la parole, que les idées rebondissent et bien sûr, je fais tout pour leur donner envie de revenir.

K.S : Que recherches-tu à travers ces ateliers ?

F.B : Ces ateliers pour moi, c’est prendre du plaisir à réfléchir ensemble. C’est aider des gamins à faire preuve de discernement, de ce qu’ils pensent, de ce qu’ils ont entendu. C’est montrer qu’on peut construire sa propre opinion et savoir la communiquer. Mon boulot, c’est de faire parler tout le monde sans forcer et l’enseignante a parfois été étonnée de voir certains participer davantage qu’en classe. Personnellement, ma première motivation, c’est mon engagement en tant que citoyen, avec cette idée de pouvoir changer le monde, le rendre plus paisible. C’est de témoigner aussi qu’un chef d’entreprise, c’est d’abord un être humain qui souhaite œuvrer avec ses collaborateurs ; que les règles fixées dans l’atelier de philo sur l’écoute et le respect des idées sont aussi importantes dans le monde de l’entreprise. On peut ouvrir un action game et s’interroger sur les sujets de l’humanité. Je suis fier de leur parler de TalenTribu comme un révélateur de compétences. Je peux leur témoigner que ce qui est important dans le travail c’est de se réaliser en fonction de soi, de ses valeurs et de ses envies. Les gamins sont sans filtre. On a intérêt à être authentiques et à montrer que nous aussi adultes, nous nous cherchons. Je veux témoigner que rien n’est acquis et que chacun doit faire sa part. Comme le colibri.

Interview réalisée par Karine Souday,
Docteure ès lettres.